Des marionnettes
Toutes les versions de cet article : [English] [français]
Adaptées à l’échelle de nos villes, familières des cérémonies gauloises, du carnaval des Flandres ou de la Catalogne aussi bien que des créations contestataires du Bread & Puppet Theater, les marionnettes géantes nous renvoient tout à coup en enfance : elles ont à peu près la taille d’un adulte pour un enfant de quatre ans. Leur démesure suppose une création collective, un travail d’équipe jusque dans la manipulation et leur offre une visibilité maximale. Celui qui en porte et en anime une jouit tout à coup d’une considération neuve : on le regarde différemment.
Les marionnettes géantes que nous construisons présentent plusieurs qualités : elles sont un instrument d’échelle, de mesure de la ville, elles permettent de regarder d’un autre œil architecture et mobilier urbain. Elles restent visibles au milieu d’une foule et évoquent des mythes universels. La spécificité des marionnettes géantes est qu’on ne choisit pas de les voir. Elles s’imposent. Elles envahissent pacifiquement l’espace de chacun. Elles interpellent. Objets ludiques, elles sont cependant des vecteurs impressionnants des fantasmes de la pensée. Elles amusent, elles fascinent, elles dérangent aussi. Elles donnent un volume et un mouvement inhabituel à nos représentations mentales. Humainement, elles sont un symbole fort des pratiques collectives et du travail d’équipe, des objets de rencontres et d’échanges, de mise en valeur des complémentarités. Elles donnent une grande visibilité aux communautés qui les ont construites et les animent. Surtout elles changent le regard du passant, du voisin, non seulement sur son quartier mais aussi sur les personnes qui les manipulent.